En passant
Tailleurs de pierres
Le silence parle quand la lumière troue l’obscurité
Ma voix est persiennes
Les mots : on n’a pas assez le vertige devant
tu ne recules pas suffisamment d’effroi
quand je te parle
Mais mon regard et ses ombres
quand des fantômes dansent dans ma tête
au rythme des Ondes Martenot
La pierre de sang se hisse dans le ciel
Pose le chaud de tes lèvres sur ma nuque
et son collier de lune
Nous devenons tailleurs de pierres
Fusain en cours d’écriture…
Nuits d’absence – Léo Ferré – Jean-Roger Caussimon
L’amour, sans une aile / L’amore, senza un’ala
Par ici la chronique de Patrice Maltaverne au sujet de mon court recueil L’amour, sans une aile ! Un grand merci à lui !
L’uomo aquilone
Lo sguardo portato da un filo
all’estremità del quale ballavano
qua e là
i colori di una libertà
abortita dell’alba
di sogni tagliati nelle
vene dell’infanzia
A vederlo avanzare con passo
ondeggiante, la bocca
che inghiottiva il cielo
abitato da una
strana foga
urtando i passanti
perché il vento, il vento
cambiava rapidamente
ci si chiedeva chi
dell’uomo o dell’aquilone
mantenesse l’altro
vivo
Maintenant elles te regardent
– elles t’acculent à les rejoindre
Marina, Anna, Alejandra, Ingebord
Tu ne peux restée plus longtemps retranchée
Un pied, puis deux
le troisième s’enlise dans le poème
Une vertige incessant
Une chute qui poursuit son chant
depuis que tu as sauté des remparts d’un ciel nuageux
où tu avais trouvé asile
Ta folie est une île déserte où trône un grand édifice venteux
c’est la mort que tu protèges
Ici c’est ta façon à toi d’avoir des ailes
les ailes cristallines d’une libellule
Oh regarde Nastya, viens vite ! Regarde quelle force ont toutes ces fourmis pour transporter ce géant mort vers leur dîner !
C’est maintenant un jeu
tu rajoutes autant de sable qu’il faut
pour repousser ses limites
et traces sur ses grains chauds des voies amies
Le soir venu, les eaux vives qui les bordent
scintillent : plonger dedans détruirait l’illusion
Il n’y a que les pierres qui disent vrai
Ca-ssé le sa-blier
Ca-ssé le sa-blier
avec ta pelle de mots ombreux, fragiles comme ces châteaux de sable
qui s’affaissent quand la lune s’élève et que l’engoulevent
appelle une dulcinée
Marina, Anna, Alejandra, Ingebord
Un pied, puis deux glissent
le troisième reste dans le poème
Elle n’est pas haute la distance qui va de ton regard
au sol
le vertige est sans fond,
sans fondement
Il fait la taille de ta nuque
de ton buste
de tes jambes
la taille d’une respiration
d’une odeur, d’un souvenir
à déglutir
Il fait surtout la taille de ta voix insondable
qui renonce
Elle n’est pas haute la distance qui va de ton regard
au sol
bruissent, menaçantes, les marches que tu descends
faisant attention à la pile d’assiettes que tu tiens
Mais tu es dans la brèche de Roland et ses neiges éternelles
tu vas sur la crête boueuse des monts d’Arrée
Elle n’est pas haute la distance qui va de ton regard
au sol
suffisante pour la chute
une avalanche
un éboulement
un corps qui dit qu’elle est toujours trop haute
la distance qui va de son silence
au sol
Les mots qu’il ne trouve pas
s’articuleraient,
là
à terre
un filet d’air et de sang s’écoulant de la gorge
et les pierres déposées sur la voix
glisseraient
jusqu’aux yeux
Tu savais le gouffre dessous
dissimulé
sous la peau
En amont, un ailleurs
Il y avait le courant rapide
le saule penché au dessus de la Marne
son tronc cabossé et cette branche
tout près de l’eau trouble
à se tendre pour la pensée qui émergerait des flots
être là – sois là – attrape !
Il y eut soudain le besoin d’enfoncer le front dans cette écorce
le regard qui se laissa couler vers les cris de la Bernache
puis s’éleva du côté d’ un impénétrable ciel bleu
un bleu méprisant et hautain, sans un nuage
un bleu qui ne voulait pas te comprendre
Comment le cogner celui-là ?
Il y eut un éclair : écrire !
la seule puissance de l’encre et du muret où elle s’assit
La sonnerie de Sainte-Geneviève du Mont de Paris – Marin Marais – Jordi Savall
Une lettre pour mon amie Francette
Tandis que le café embaume la petite cuisine.
Déferlement
De la grisaille me vint, la chaleur d’un désir
Le clapotement des ailes contre le vent
Parution de L’amour, sans une aile aux Éditions RAZ
Camarades Poètes, vous pouvez dès à présent commander L’amour, sans une aile qui paraîtra bientôt aux éditions RAZ !
La collection RAZ FRA/ITA est une collection franco-italienne qui regroupe des livres courts d’auteurs français et italiens traduits dans les deux langues.
Directeur de la collection : Philémon Le Guyader.
Traductrice : Auriane Sturbois.
Livres : L’amour, sans une aile / L’amor senza un’ala de Marine Giangregorio (FRA). Murmures / Sussurri de Chiara Mutti (ITA). Des hommes et des villes / Uomini e città de Grégory Rateau (FRA). Crise et Parole / Crisi e parola de Raffaello Utzeri (ITA).
Merci à Philémon Le Guyader et à Auriane Sturbois pour leur travail acharné !
Salut Maurice !
Schumann : Piano Concerto in A Minor, Op. 54 – Maurizio Pollini – Claudio Abbado
Ma nouvelle (un peu loufoque) : Madame Lampal (avec une illustration d’Eric Demelis)
La vieille dame en se débattant fit tomber le portrait posé au-dessus de la cheminée. Le visage de son mari s’écailla. Bon sang, pas les menottes ! elle n’avait tué personne et même si elle l’avait découpé ce morceau de cadavre, il n’y avait pas mort d’homme, enfin, elle n’était pas responsable de la mort de celui qui fut un moment le sien. Pourquoi lui infliger une telle humiliation ? Un samedi, jour de marché où les gens affluaient de tous les villages voisins ! D’ailleurs c’est sur sa rue, la rue du Fossé dit Le Trou au Chat que les habitués commençaient à se garer puis à ouvrir la cérémonie des salutations. Mais aujourd’hui, les passants attirés par la fourgonnette des gendarmes s’étaient attroupés sous l’unique fenêtre de la maison de la sexagénaire. Voilà déjà dix ans que le couple s’était offert cette abri modeste de plain pied. Juliette avait été femme de ménage et Roger peintre en bâtiment. Ils avaient quitté l’étroit HLM de la région parisienne pour avoir enfin un bout de terrain où cultiver leur rêve : un potager. La maison ne ressemblait à aucune autre, on pouvait la reconnaître de loin par les contours orangés de ses fenêtres et les murs vert sauge assortis aux tons de la végétation anarchique qui l’assiégéait. Ce bien, ils avaient pu l’acquérir grâce à l’héritage de la grand-tante Louison qu’ils avaient remercié en portant sur sa tombe, à Nice, une rose blanche. Sur la pierre froide ils virent pour la première fois son visage. Dans la famille on disait qu’elle avait fait la noce ce qui rendait sa nièce Juliette, fière, elle qui parlait souvent de cette femme fantasque arborant d’énormes chapeaux comme d’une grande artiste, une chanteuse au timbre envoûtant à la vie dissolue et peu importe la manière dont elle avait vécu, elle avait été une femme libre de ses choix. La nuit même de l’emménagement, Roger avait consciencieusement peint à la lampe frontale le portail où flottaient de fines marguerites jaunes et blanches. Ce qui leur avait valu la toute première visite des gendarme,s appelés par un voisin soucieux de la tranquillité du quartier et qui, voyant une petite lumière se balader devant la maison, avait tout naturellement cru à un cambriolage. Roger n’était pas du genre à se laisser faire, après avoir prouvé son innocence en brandissant le titre de propriété rangé dans le tiroir du vaisselier, il avait gentiment poursuivi son affaire jugeant qu’il ne gênait personne et qu’on n’allait pas commencer à l’emmerder. C’est au petit jour que Juliette avait retrouvé son grand bonhomme endormi, recroquevillé sur le muret, un pinceau sous sa joue droite, un autre sous la tête. Elle le prit par la main et le conduisit à la salle de bain pour lui couper les cheveux. Il les aurait bien gardés ces mèches colorées, au moins une bonne raison de faire jacter. Ils avaient bien ri ce matin de mai dans la douceur du chant mélodieux d’une grive musicienne.
12h30, En plein cagnard, les paniers dans les mains sont toujours vides mais les bouches se gavent de ragots, tour à tour on mise : elle l’a intoxiqué avec un yaourt de chèvre avarié, coincé les testicules dans une porte, étouffé avec une arête de congre, peut-être même, électrocuté pendant sa sieste avec le chauffe matelas. Ça alors ! on ne s’y attendait pas, une dame si discrète toujours prête à aider mais c’est souvent comme ça les psychopathes sont des manipulateurs dit une voix à peine audible qui serpentait le long des oreilles mais, comment s’y était-elle prise, une femme si frêle et menue s’égosilla une autre, les pires qu’on croirait pas plus robuste que nous toutes insista une dernière en crachant ses poumons avec le dernier mot.
Les gendarmes avaient fait asseoir la petite dame Lampal qui sanglotait, ses mains menottées l’empêchaient de se moucher, l’un d’eux lui donna à boire mais les spasmes causés par les pleurs firent que l’eau se renversa sur son beau chemisier en coton fleuri qu’elle avait mis pour l’occasion, s’apprêtant à parcourir les rues bordées des stands de producteurs locaux, le panier fin prêt sur le pas de la porte. Son deuil, elle ne le portait pas sur ses vêtements ce qui avait été suffisant pour faire d’elle une coupable. Pensez-vous ! Une femme qui mettait des jupes fushia et des foulards orange, comment pouvait-elle sincèrement pleurer son mari tout frais défunt ? Mais Juliette comme Roger avait toujours détesté le noir il y en avait suffisamment dans les rues et les jours sans pain pour qu’on en rajoute. Si Juliette avait fait vœu d’être incinérée, Roger, lui, préférait « donner un peu d’engrais à la Terre », il avait donc soigneusement choisi et préparé un beau smoking pour le jour du grand départ. Ce serait le jaune mimosa acheté sur les marchés aux puces où le couple la trentaine florissant avait aimé chiner.
Juliette fixait au sol la photo sous le verre cassé : un petit garçon de 8 ans pose fièrement tenant son vélo sur un parking à l’orée d’un bois. Son père est derrière l’objectif, il vient de lui apprendre à rouler tout seul en deux roues. Cette même année, ses parents disparaîtront dans un accident de voiture. Dès lors, cette photo ne quittera plus Roger. Les gendarmes, deux jumeaux débutants au teint pâle, aux silhouettes longilignes légèrement courbées qu’étroits uniformes comprimaient, se tenaient chacun d’un côté et de l’autre de la vieille. Embarrassés, ils mettaient les mains tour à tour dans le dos, le long des cuisses, devant la bouche comme pour étouffer une toux puis réprimer un bâillement, ils regardèrent sans bien comprendre le portrait de l’enfant puis se lancèrent quelques hochement de têtes comme injonctions à agir. Après une interminable hésitation, l’un d’eux se décida : « Et…votre fils, il est au courant ? Parce que nous on l’a pas prévenu, on l’a pas trouvé. » Le crâne de madame Lampal émergea du sol comme une tête sort brusquement de l’eau, son sursaut se diffusa jusqu’aux deux gendarmes semblable à une décharge électrique, leurs visages parurent soudain souffrir de convulsions « Quel fils ? Évidemment que vous ne l’avez pas trouvé, de quel fils parlez-vous ? Il n’y en a pas ! Il n’y en a pas…! » dit-elle la voix flanchante. De grosses gouttes se mirent à tomber sur le canapé. Si grosses que Juliette les entendait se fendre comme vaguelettes sur cailloux. Les gendarmes tirèrent les cols de leurs vestes, secouèrent les épaules, froncèrent les sourcils en jetant un regard sur l’enfant photographié puis parcoururent le plafond en suivant rigoureusement les quatre coins dans un sens puis dans un autre, pour enfin retomber sur le regard vide et hagard de la vieille femme qui pouvait être capable de tout se dirent-ils les yeux écarquillés, la face de plus en plus empourprée. Le mari était bien mort d’une crise cardiaque ce soir d’avril, parole de médecin légiste mais il avait suffi d’une insigne de gendarme pour que les langues se délient et qu’au seuil de l’ennui les esprits devinrent si créatifs qu’ils imaginèrent mille et une histoires rivalisant avec les plus célèbres romans du siècle. Ce qui turlupinait les gendarmes ou plutôt leur hiérarchie, c’était ce bout de chair prélevé sur le mort. Madame Lampal qui avait découvert le corps de son mari était sans aucun doute la principale suspecte. Des traces de sang avaient été découvertes dans la maison. Un couteau identifié. Et le corps avait gardé des marques de mesures tracées rigoureusement. Le coup était prémédité. L’un des deux gendarmes rassembla tout son courage au grand étonnement de son compère, il sortit un papier de sa poche droite, le déplia et tout en le tenant de ses mains tremblantes, inspira, expira, inspira : « une atteinte à l’intégrité d’un cadavre est passible d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amande alors pourquoi Madame Lampal avoir prélevé ce bout de peau sur le triceps gauche de votre mari ? » La tirade avait été expulsée d’une traite, sans une inflexion de voix sauf sur les trois derniers mots où les notes avaient comme chavirées, la voix devenant étrangère au fonctionnaire lui-même. La vieille dame leva lentement la tête, rouvrit les paupières tout aussi doucement, les narines et les yeux tout embués, elle prononça : Irène.
Lire la suite Ma nouvelle (un peu loufoque) : Madame Lampal (avec une illustration d’Eric Demelis)Un poème dans la Revue hélas! n°7
Mon poème Jean Genet à Larache vient de paraître dans le nouveau numéro de la revue hélas! sur le thème Souvenirs d’ailleurs. Deux de mes photos l’accompagnent et de belles découvertes vous y attendent ! Merci à Matthieu Limosino pour son acharnement et son travail au service de la Poésie…
Naïades
Dans sa gorge
Pittoresque
En Arcadie
à Gustave Roud
En Arcadie, je te rejoins
tu bêches la solitude qui fait vent dans ta tête
Douce brise quand celui que tu aimes est à tes côtés
juste assez loin : il te faut un certain nombre de pas
pour sentir la latitude du regard trembler
au-dessus du sillage du corps de la bête, de l’Aimé
au-dessus de tes désirs allant d’une rive à l’autre des épis de blé
Juste assez loin pour ne pas céder à l’oubli que tricotent
des voix illusoires
Tu as conversé avec chaque pierre du petit cimetière
ainsi tu es,
de leur lent édifice
de leur abrupt visage
de leur grave silence
Le silence, c’est par sa vallée qui a creusé tes joues
que tu vas
et dans sa brèche
– que tu écris
Sous le vaste ciel : toit où va paître ta plume
l’enfant et le vieillard joignent la malice du vert
et le paisible automne
Croître
Le sentier
Il va nu le sentier
Le corps ombré de nos errances
J’ai perdu ton odeur, et la mémoire avec
ta consistance est un nom que je me répète
Je remonte à contre-courant le gave
j’implore cette eau, quelque chose peut surgir
de ma peau
Passer l’écluse
Les vieux se taisent
ils écoutent
les souvenirs qui bavardent
ils regardent
les autres passer
le temps branlant entre leurs bras
Les vieux ont le visage souvent sombre et contrarié
dans cette rue, sur ce banc, le familier côtoie l’étranger
les vieux comme les enfants ont leur propre langage
qu’on ne peut comprendre qu’en franchissant l’écluse
l’eau plus on la regarde, plus elle se souvient
et nous chantonne le voyage
Aux oiseaux migrateurs
À ton regard
est suspendue une pierre
Autour de ton corps : rumeur et lumière confuse
Un fil suffit à maintenir endormi
le tic-tac de l’horloge
Ils croient voir sur tes lèvres un sourire
et dans tes yeux, une vague qui se soulève
Ce n’est que le vent qui frappe à ton front
alors que docile, tu lui tendais la nuque à rompre
Un fil suffit à maintenair l’écho
C’est la voix de condamnés qui émerge en chœur
des brumes et s’allonge au seuil de ta gorge
Ils croient voir sur tes lèvres un sourire
un miroir acquiescerait : tes lèvres saluent les ombres
qui ont pris possession de ta maison vide
Un oiseau migrateur redessine sans cesse
les limbes de tes yeux où pulse l’errance
La lune est grise, elle est si froide la nuit
Impénétrable asile qui te laisse choir dans sa matière noire
Un fil suffit à rendre ta chute
indolore indolente nonchalante
Requiem in E-flat minor – Osip Klozovsky
Erlkönig – Franz Schubert – Goethe
Kad Ja Podoh Na Bembasu – Branko Mataja
La houle des écorces
La forêt et ses cimes sont autant d’horizons
pointés vers le ciel, se perdre parmi ses écorces
dont l’âge comme la grandeur nous donnent le vertige
c’est suspendre comme en mer, le temps
qui n’est que lumière qui décline
L’espace du rêve
Devant nous, la brume danse son éternel
écorce de l’heure indolente, répand sève blanchâtre
Onctueux cosmos où reposent Hommes et dolmens
tais les visages, laisse l’écho des voix, rien que l’écho des voix
nous ensevelir comme autant d’étoiles qui se cherchent, se devinent
Dans ton lit – Juliette Gréco
D’âme
La fin d’un nuage
Sur le pont
très haut au-dessus de l’océan
lape ton reflet déformé par le courant
mire l’étendue silencieuse,
ton ombre infime être emportée
par le ventre duveteux d’un lent nuage
Qu’as-tu de plus consistant
que ce voyageur inassouvi ?
Qu’es-tu de moins que ce désir qui passe
et dont tu ne connais pas le nom ?
Une main floue lui fait signe
la tienne, peut-être, quelques pas plus tôt
quelques mots plus loin
Peu importe la lumière
baigne-toi dans le matin de celle qui vient
La pluie sera de ces amants qui te procure
l’oublie, la moiteur d’une mémoire alanguie
Et tes paumes comme l’estran qui guette les marins
Le rappel des oiseaux – Jean-Philippe Rameau – Scott Ross
Masquerade – Aram Khachaturian
Fouilles
Fouille, fouille les entrailles de la terre, celles du ciel, les mêmes dit un mystérieux écho. Fouille pour que deux mains s’atteignent, pour que deux phrases en lambeaux se rejoignent, tes mains, enfouis-les là où le temps ne va plus, là où la raison se cogne contre le noyau dur : un abricot on dirait un abricot défendu puisqu’ici les mots englobent le vain. Touche atteint l’enclave qui nous lie, reconstitue pièce par pièce le corps de notre funeste condition, cours dans une direction puis dans l’autre en suivant les marées et la main de la lune qui ralentit la rotation. Car nous tournons, tu sais bien nous tournons autour d’un angoissant silence, genoux à terre, mains qui écrivent, air d’opéra Sovra il sen la man mi posa chante la Callas, bouchent avides de s’emplir de voix, reproduction en masse, reproduction des masses, suivre le tracé et réussir sont dans l’ADN avec ses déchets qui subsistent en flottant dans l’espace. Le noyau est toujours dur et la déraison s’y cogne encore. L’enfant dit ne touchez pas à la lune ! l’enfant ne cherche qu’à inventer. Cosmonaute aux mains ocres et noires d’illusions laisse surgir ce que tu cherches : question après question pour marcher à reculons d’autant plus doucement, tu n’iras pas plus loin. Tu n’iras pas plus loin que la mort.
Nos immensités
Il existe un pays comme un corps comme une mer aussi vaste que nos yeux rêveurs aussi caressant que ta main et nos deux navires battants qui s’élancent toujours trop vite toujours trop lents et ignorants à l’assaut des frontières. Qu’il est fou ce pays qui nous perd et nous happe dans ses horizons il mériterait bien qu’on y noie prudence et soumission
Viens
Va
Va
Un zeste de nuit
Marine Giangregorio – la songeuse — Art et tique et pique- mots et gammes
peinture – détail de? peut-être Rubens Restait la songeusela songeuse et ses méandresson apesanteurungoutte à goutte dans le temps belle évanescente, tendez-moi encore vos mains gantées de satin blancétourdissez-moi de votre souffle langoureuxje me veux aussi songeuse que vouséperdument trouble et silencieuse
Marine Giangregorio – la songeuse — Art et tique et pique- mots et gammes
Merci à Rechab de partager ma Poésie !
Não é desgraça ser pobre – Amália Rodrigues
Cimetière sauvage
Je voudrais que les tombes fleurissent ici et là
au détour d’une place, d’un jardin, d’une allée
telles des herbes folles
qu’hétérotopie éclose dans la paume
de nos paupières éveillées
Qu’on ne repousse plus le tombeau à la lisière du jour
aux ululements de la nuit
Photo exposée en 2019 à la galerie l’Oeil du huit
La songeuse
Restait la songeuse
la songeuse et ses méandres
son apesanteur
un
goutte à goutte dans le temps
belle évanescente, tendez-moi encore vos mains gantées de satin blanc
étourdissez-moi de votre souffle langoureux
je me veux aussi songeuse que vous
éperdument trouble et silencieuse
*Photo exposée en octobre 2020 à l’EHESS.
À ton étoile
À mon Punk’y…