En passant

Tailleurs de pierres

Le silence parle quand la lumière troue l’obscurité

Ma voix est persiennes

Les mots : on n’a pas assez le vertige devant

tu ne recules pas suffisamment d’effroi

quand je te parle

Mais mon regard et ses ombres

quand des fantômes dansent dans ma tête

au rythme des Ondes Martenot

La pierre de sang se hisse dans le ciel

Pose le chaud de tes lèvres sur ma nuque

et son collier de lune

Nous devenons tailleurs de pierres

L’amour, sans une aile / L’amore, senza un’ala

Par ici la chronique de Patrice Maltaverne au sujet de mon court recueil L’amour, sans une aile ! Un grand merci à lui !

L’uomo aquilone


Lo sguardo portato da un filo

all’estremità del quale ballavano

qua e là

i colori di una libertà

abortita dell’alba

di sogni tagliati nelle

vene dell’infanzia

A vederlo avanzare con passo

ondeggiante, la bocca

che inghiottiva il cielo

abitato da una

strana foga

urtando i passanti

perché il vento, il vento

cambiava rapidamente

ci si chiedeva chi

dell’uomo o dell’aquilone

mantenesse l’altro

vivo

Maintenant elles te regardent

– elles t’acculent à les rejoindre

Marina, Anna, Alejandra, Ingebord

Tu ne peux restée plus longtemps retranchée

Un pied, puis deux

le troisième s’enlise dans le poème

Une vertige incessant

Une chute qui poursuit son chant

depuis que tu as sauté des remparts d’un ciel nuageux

où tu avais trouvé asile

Ta folie est une île déserte où trône un grand édifice venteux

c’est la mort que tu protèges

Ici c’est ta façon à toi d’avoir des ailes

les ailes cristallines d’une libellule

Oh regarde Nastya, viens vite ! Regarde quelle force ont toutes ces fourmis pour transporter ce géant mort vers leur dîner !

C’est maintenant un jeu

tu rajoutes autant de sable qu’il faut

pour repousser ses limites

et traces sur ses grains chauds des voies amies

Le soir venu, les eaux vives qui les bordent

scintillent : plonger dedans détruirait l’illusion

Il n’y a que les pierres qui disent vrai

Ca-ssé le sa-blier

Ca-ssé le sa-blier

avec ta pelle de mots ombreux, fragiles comme ces châteaux de sable

qui s’affaissent quand la lune s’élève et que l’engoulevent

appelle une dulcinée

Marina, Anna, Alejandra, Ingebord

Un pied, puis deux glissent

le troisième reste dans le poème

Elle n’est pas haute la distance qui va de ton regard

au sol

le vertige est sans fond,

sans fondement

Il fait la taille de ta nuque

de ton buste

de tes jambes

la taille d’une respiration

d’une odeur, d’un souvenir

à déglutir

Il fait surtout la taille de ta voix insondable

qui renonce

Elle n’est pas haute la distance qui va de ton regard

au sol

bruissent, menaçantes, les marches que tu descends

faisant attention à la pile d’assiettes que tu tiens

Mais tu es dans la brèche de Roland et ses neiges éternelles

tu vas sur la crête boueuse des monts d’Arrée

Elle n’est pas haute la distance qui va de ton regard

au sol

suffisante pour la chute

une avalanche

un éboulement

un corps qui dit qu’elle est toujours trop haute

la distance qui va de son silence

au sol

Les mots qu’il ne trouve pas

s’articuleraient,

à terre

un filet d’air et de sang s’écoulant de la gorge

et les pierres déposées sur la voix

glisseraient

jusqu’aux yeux

Tu savais le gouffre dessous

dissimulé

sous la peau

En amont, un ailleurs

Il y avait le courant rapide

le saule penché au dessus de la Marne

son tronc cabossé et cette branche

tout près de l’eau trouble

à se tendre pour la pensée qui émergerait des flots

être là – sois là – attrape !

Il y eut soudain le besoin d’enfoncer le front dans cette écorce

le regard qui se laissa couler vers les cris de la Bernache

puis s’éleva du côté d’ un impénétrable ciel bleu

un bleu méprisant et hautain, sans un nuage

un bleu qui ne voulait pas te comprendre

Comment le cogner celui-là ?

Il y eut un éclair : écrire !

la seule puissance de l’encre et du muret où elle s’assit

Parution de L’amour, sans une aile aux Éditions RAZ

Camarades Poètes, vous pouvez dès à présent commander L’amour, sans une aile qui paraîtra bientôt aux éditions RAZ !

La collection RAZ FRA/ITA est une collection franco-italienne qui regroupe des livres courts d’auteurs français et italiens traduits dans les deux langues.

Directeur de la collection : Philémon Le Guyader.

Traductrice : Auriane Sturbois.

Livres : L’amour, sans une aile / L’amor senza un’ala de Marine Giangregorio (FRA). Murmures / Sussurri de Chiara Mutti (ITA). Des hommes et des villes / Uomini e città de Grégory Rateau (FRA). Crise et Parole / Crisi e parola de Raffaello Utzeri (ITA).

Merci à Philémon Le Guyader et à Auriane Sturbois pour leur travail acharné !

Ma nouvelle (un peu loufoque) : Madame Lampal (avec une illustration d’Eric Demelis)

La vieille dame en se débattant fit tomber le portrait posé au-dessus de la cheminée. Le visage de son mari s’écailla. Bon sang, pas les menottes ! elle n’avait tué personne et même si elle l’avait découpé ce morceau de cadavre, il n’y avait pas mort d’homme, enfin, elle n’était pas responsable de la mort de celui qui fut un moment le sien. Pourquoi lui infliger une telle humiliation ? Un samedi, jour de marché où les gens affluaient de tous les villages voisins ! D’ailleurs c’est sur sa rue, la rue du Fossé dit Le Trou au Chat que les habitués commençaient à se garer puis à ouvrir la cérémonie des salutations. Mais aujourd’hui, les passants attirés par la fourgonnette des gendarmes s’étaient attroupés sous l’unique fenêtre de la maison de la sexagénaire. Voilà déjà dix ans que le couple s’était offert cette abri modeste de plain pied. Juliette avait été femme de ménage et Roger peintre en bâtiment. Ils avaient quitté l’étroit HLM de la région parisienne pour avoir enfin un bout de terrain où cultiver leur rêve : un potager. La maison ne ressemblait à aucune autre, on pouvait la reconnaître de loin par les contours orangés de ses fenêtres et les murs vert sauge assortis aux tons de la végétation anarchique qui l’assiégéait. Ce bien, ils avaient pu l’acquérir grâce à l’héritage de la grand-tante Louison qu’ils avaient remercié en portant sur sa tombe, à Nice, une rose blanche. Sur la pierre froide ils virent pour la première fois son visage. Dans la famille on disait qu’elle avait fait la noce ce qui rendait sa nièce Juliette, fière, elle qui parlait souvent de cette femme fantasque arborant d’énormes chapeaux comme d’une grande artiste, une chanteuse au timbre envoûtant à la vie dissolue et peu importe la manière dont elle avait vécu, elle avait été une femme libre de ses choix. La nuit même de l’emménagement, Roger avait consciencieusement peint à la lampe frontale le portail où flottaient de fines marguerites jaunes et blanches. Ce qui leur avait valu la toute première visite des gendarme,s appelés par un voisin soucieux de la tranquillité du quartier et qui, voyant une petite lumière se balader devant la maison, avait tout naturellement cru à un cambriolage. Roger n’était pas du genre à se laisser faire, après avoir prouvé son innocence en brandissant le titre de propriété rangé dans le tiroir du vaisselier, il avait gentiment poursuivi son affaire jugeant qu’il ne gênait personne et qu’on n’allait pas commencer à l’emmerder. C’est au petit jour que Juliette avait retrouvé son grand bonhomme endormi, recroquevillé sur le muret, un pinceau sous sa joue droite, un autre sous la tête. Elle le prit par la main et le conduisit à la salle de bain pour lui couper les cheveux. Il les aurait bien gardés ces mèches colorées, au moins une bonne raison de faire jacter. Ils avaient bien ri ce matin de mai dans la douceur du chant mélodieux d’une grive musicienne.

12h30, En plein cagnard, les paniers dans les mains sont toujours vides mais les bouches se gavent de ragots, tour à tour on mise : elle l’a intoxiqué avec un yaourt de chèvre avarié, coincé les testicules dans une porte, étouffé avec une arête de congre, peut-être même, électrocuté pendant sa sieste avec le chauffe matelas. Ça alors ! on ne s’y attendait pas, une dame si discrète toujours prête à aider mais c’est souvent comme ça les psychopathes sont des manipulateurs dit une voix à peine audible qui serpentait le long des oreilles mais, comment s’y était-elle prise, une femme si frêle et menue s’égosilla une autre, les pires qu’on croirait pas plus robuste que nous toutes insista une dernière en crachant ses poumons avec le dernier mot.

Les gendarmes avaient fait asseoir la petite dame Lampal qui sanglotait, ses mains menottées l’empêchaient de se moucher, l’un d’eux lui donna à boire mais les spasmes causés par les pleurs firent que l’eau se renversa sur son beau chemisier en coton fleuri qu’elle avait mis pour l’occasion, s’apprêtant à parcourir les rues bordées des stands de producteurs locaux, le panier fin prêt sur le pas de la porte. Son deuil, elle ne le portait pas sur ses vêtements ce qui avait été suffisant pour faire d’elle une coupable. Pensez-vous ! Une femme qui mettait des jupes fushia et des foulards orange, comment pouvait-elle sincèrement pleurer son mari tout frais défunt ? Mais Juliette comme Roger avait toujours détesté le noir il y en avait suffisamment dans les rues et les jours sans pain pour qu’on en rajoute. Si Juliette avait fait vœu d’être incinérée, Roger, lui, préférait « donner un peu d’engrais à la Terre », il avait donc soigneusement choisi et préparé un beau smoking pour le jour du grand départ. Ce serait le jaune mimosa acheté sur les marchés aux puces où le couple la trentaine florissant avait aimé chiner.

Juliette fixait au sol la photo sous le verre cassé : un petit garçon de 8 ans pose fièrement tenant son vélo sur un parking à l’orée d’un bois. Son père est derrière l’objectif, il vient de lui apprendre à rouler tout seul en deux roues. Cette même année, ses parents disparaîtront dans un accident de voiture. Dès lors, cette photo ne quittera plus Roger. Les gendarmes, deux jumeaux débutants au teint pâle, aux silhouettes longilignes légèrement courbées qu’étroits uniformes comprimaient, se tenaient chacun d’un côté et de l’autre de la vieille. Embarrassés, ils mettaient les mains tour à tour dans le dos, le long des cuisses, devant la bouche comme pour étouffer une toux puis réprimer un bâillement, ils regardèrent sans bien comprendre le portrait de l’enfant puis se lancèrent quelques hochement de têtes comme injonctions à agir. Après une interminable hésitation, l’un d’eux se décida : « Et…votre fils, il est au courant ? Parce que nous on l’a pas prévenu, on l’a pas trouvé. » Le crâne de madame Lampal émergea du sol comme une tête sort brusquement de l’eau, son sursaut se diffusa jusqu’aux deux gendarmes semblable à une décharge électrique, leurs visages parurent soudain souffrir de convulsions « Quel fils ? Évidemment que vous ne l’avez pas trouvé, de quel fils parlez-vous ? Il n’y en a pas ! Il n’y en a pas…! » dit-elle la voix flanchante. De grosses gouttes se mirent à tomber sur le canapé. Si grosses que Juliette les entendait se fendre comme vaguelettes sur cailloux. Les gendarmes tirèrent les cols de leurs vestes, secouèrent les épaules, froncèrent les sourcils en jetant un regard sur l’enfant photographié puis parcoururent le plafond en suivant rigoureusement les quatre coins dans un sens puis dans un autre, pour enfin retomber sur le regard vide et hagard de la vieille femme qui pouvait être capable de tout se dirent-ils les yeux écarquillés, la face de plus en plus empourprée. Le mari était bien mort d’une crise cardiaque ce soir d’avril, parole de médecin légiste mais il avait suffi d’une insigne de gendarme pour que les langues se délient et qu’au seuil de l’ennui les esprits devinrent si créatifs qu’ils imaginèrent mille et une histoires rivalisant avec les plus célèbres romans du siècle. Ce qui turlupinait les gendarmes ou plutôt leur hiérarchie, c’était ce bout de chair prélevé sur le mort. Madame Lampal qui avait découvert le corps de son mari était sans aucun doute la principale suspecte. Des traces de sang avaient été découvertes dans la maison. Un couteau identifié. Et le corps avait gardé des marques de mesures tracées rigoureusement. Le coup était prémédité. L’un des deux gendarmes rassembla tout son courage au grand étonnement de son compère, il sortit un papier de sa poche droite, le déplia et tout en le tenant de ses mains tremblantes, inspira, expira, inspira : « une atteinte à l’intégrité d’un cadavre est passible d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amande alors pourquoi Madame Lampal avoir prélevé ce bout de peau sur le triceps gauche de votre mari ? » La tirade avait été expulsée d’une traite, sans une inflexion de voix sauf sur les trois derniers mots où les notes avaient comme chavirées, la voix devenant étrangère au fonctionnaire lui-même. La vieille dame leva lentement la tête, rouvrit les paupières tout aussi doucement, les narines et les yeux tout embués, elle prononça : Irène.

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En Arcadie

à Gustave Roud


En Arcadie, je te rejoins

tu bêches la solitude qui fait vent dans ta tête

Douce brise quand celui que tu aimes est à tes côtés

juste assez loin : il te faut un certain nombre de pas

pour sentir la latitude du regard trembler

au-dessus du sillage du corps de la bête, de l’Aimé

au-dessus de tes désirs allant d’une rive à l’autre des épis de blé

Juste assez loin pour ne pas céder à l’oubli que tricotent

des voix illusoires

Tu as conversé avec chaque pierre du petit cimetière

ainsi tu es,

de leur lent édifice

de leur abrupt visage

de leur grave silence

Le silence, c’est par sa vallée qui a creusé tes joues

que tu vas

et dans sa brèche

– que tu écris

Sous le vaste ciel : toit où va paître ta plume

l’enfant et le vieillard joignent la malice du vert

et le paisible automne

Refaire le parc à vache, Montagne de Céüse, argentique, 2021
Retour en alpage, Montagne de Céüse, argentique, 2021

Passer l’écluse

Les vieux se taisent

ils écoutent

les souvenirs qui bavardent

ils regardent

les autres passer

le temps branlant entre leurs bras

Les vieux ont le visage souvent sombre et contrarié

dans cette rue, sur ce banc, le familier côtoie l’étranger

les vieux comme les enfants ont leur propre langage

qu’on ne peut comprendre qu’en franchissant l’écluse

l’eau plus on la regarde, plus elle se souvient

et nous chantonne le voyage

Aux oiseaux migrateurs

À ton regard

est suspendue une pierre

Autour de ton corps : rumeur et lumière confuse

Un fil suffit à maintenir endormi

le tic-tac de l’horloge

Ils croient voir sur tes lèvres un sourire

et dans tes yeux, une vague qui se soulève

Ce n’est que le vent qui frappe à ton front

alors que docile, tu lui tendais la nuque à rompre

Un fil suffit à maintenair l’écho

C’est la voix de condamnés qui émerge en chœur

des brumes et s’allonge au seuil de ta gorge

Ils croient voir sur tes lèvres un sourire

un miroir acquiescerait : tes lèvres saluent les ombres

qui ont pris possession de ta maison vide

Un oiseau migrateur redessine sans cesse

les limbes de tes yeux où pulse l’errance

La lune est grise, elle est si froide la nuit

Impénétrable asile qui te laisse choir dans sa matière noire

Un fil suffit à rendre ta chute

indolore indolente nonchalante

Devant nous, la brume danse son éternel

écorce de l’heure indolente, répand sève blanchâtre

Onctueux cosmos où reposent Hommes et dolmens

tais les visages, laisse l’écho des voix, rien que l’écho des voix

nous ensevelir comme autant d’étoiles qui se cherchent, se devinent

Onctuosité, Île de Saint-Riom, argentique, 2021

La fin d’un nuage

Sur le pont

très haut au-dessus de l’océan

lape ton reflet déformé par le courant

mire l’étendue silencieuse,

ton ombre infime être emportée

par le ventre duveteux d’un lent nuage

Qu’as-tu de plus consistant

que ce voyageur inassouvi ?

Qu’es-tu de moins que ce désir qui passe

et dont tu ne connais pas le nom ?

Une main floue lui fait signe

la tienne, peut-être, quelques pas plus tôt

quelques mots plus loin

Peu importe la lumière

baigne-toi dans le matin de celle qui vient

La pluie sera de ces amants qui te procure

l’oublie, la moiteur d’une mémoire alanguie

Et tes paumes comme l’estran qui guette les marins

Fouilles

Fouille, fouille les entrailles de la terre, celles du ciel, les mêmes dit un mystérieux écho. Fouille pour que deux mains s’atteignent, pour que deux phrases en lambeaux se rejoignent, tes mains, enfouis-les là où le temps ne va plus, là où la raison se cogne contre le noyau dur : un abricot on dirait un abricot défendu puisqu’ici les mots englobent le vain. Touche atteint l’enclave qui nous lie, reconstitue pièce par pièce le corps de notre funeste condition, cours dans une direction puis dans l’autre en suivant les marées et la main de la lune qui ralentit la rotation. Car nous tournons, tu sais bien nous tournons autour d’un angoissant silence, genoux à terre, mains qui écrivent, air d’opéra Sovra il sen la man mi posa chante la Callas, bouchent avides de s’emplir de voix, reproduction en masse, reproduction des masses, suivre le tracé et réussir sont dans l’ADN avec ses déchets qui subsistent en flottant dans l’espace. Le noyau est toujours dur et la déraison s’y cogne encore. L’enfant dit ne touchez pas à la lune ! l’enfant ne cherche qu’à inventer. Cosmonaute aux mains ocres et noires d’illusions laisse surgir ce que tu cherches : question après question pour marcher à reculons d’autant plus doucement, tu n’iras pas plus loin. Tu n’iras pas plus loin que la mort.

Nos immensités

sans titre (1 sur 1)
Nos immensités, Tanger, Maroc, Argentique, 2019

Il existe un pays comme un corps comme une mer aussi vaste que nos yeux rêveurs aussi caressant que ta main et nos deux navires battants qui s’élancent toujours trop vite toujours trop lents et ignorants à l’assaut des frontières. Qu’il est fou ce pays qui nous perd et nous happe dans ses horizons il mériterait bien qu’on y noie prudence et soumission

Viens

Va

Va

Marine Giangregorio – la songeuse — Art et tique et pique- mots et gammes

peinture – détail de? peut-être Rubens Restait la songeusela songeuse et ses méandresson apesanteurungoutte à goutte dans le temps belle évanescente, tendez-moi encore vos mains gantées de satin blancétourdissez-moi de votre souffle langoureuxje me veux aussi songeuse que vouséperdument trouble et silencieuse

Marine Giangregorio – la songeuse — Art et tique et pique- mots et gammes

Merci à Rechab de partager ma Poésie !

Cimetière sauvage

Cimetière sauvage, Yunnan, Chine, Argentique, 2016

Je voudrais que les tombes fleurissent ici et là

au détour d’une place, d’un jardin, d’une allée

telles des herbes folles

qu’hétérotopie éclose dans la paume

de nos paupières éveillées

Qu’on ne repousse plus le tombeau à la lisière du jour

aux ululements de la nuit

Photo exposée en 2019 à la galerie l’Oeil du huit

La songeuse

Restait la songeuse

la songeuse et ses méandres

son apesanteur

un

goutte à goutte dans le temps

belle évanescente, tendez-moi encore vos mains gantées de satin blanc

étourdissez-moi de votre souffle langoureux

je me veux aussi songeuse que vous

éperdument trouble et silencieuse

Percée, Taïwan, Argentique, 2019*

*Photo exposée en octobre 2020 à l’EHESS.